Le marché du paiement "mobile" est en pleine ébullition ces dernières années. Je mets le mot mobile entre guillemets, car il ne faut pas croire que je parle ici uniquement de paiements effectués à partir d'un smartphone en situation de mobilité (voiture, métro...). Non seulement les mobiles sont aussi maintenant beaucoup utilisés à la maison ou au travail, mais ils sont aussi de plus en plus utilisés par les commerçants et restaurateurs eux-mêmes. Surtout, les tablettes tactiles (iPad, android, windows 8...) sont comptabilisées dans les appareils mobiles, ce qui change tout...
Revenons à PayPal qui propose aux professionnels (commerces, restaurants...) une solution d'encaissement construite bien sûr à partir de son fameux système de paiement, mais pas seulement, puisque l'application proposée accepte aussi, par exemple, les espèces (et bien sûr les cartes bancaires).
Reprenons le principe de Square, qui a révolutionné le marché aux USA, l'application est gratuite, PayPal se rémunérant uniquement sur les transactions bancaires. C'est un principe qui fonctionne très bien en Amérique du Nord, car dans ces contrées le taux de commission des transactions bancaires, payé par le commerçant, est élevé...
Mais en France, la situation est tout autre : avec le GIE Carte Bleue, le taux de commission bancaire payé par les commerçants est faible : aux alentours de 0,3% à 0,5%, et moins pour les grosses boutiques (1% pour les transactions à risque, via le web par exemple), plus un montant fixe d'une dizaine de centimes par transaction généralement.
De plus, les transactions sont fortement sécurisées grâce au système de carte à puce conçu et popularisé par notre génial Roland Moreno. Aux USA, c'est différent : les taux de commission bancaire s'étalent souvent entre 2,5 et 4 % de chaque transaction ! Et il y a plus de fraudes, car ils en sont encore à la carte bancaire à piste magnétique et l'authentification par signature (ils sont en train de passer à la carte à puce et à l'authentification par code secret)...
De fait, le taux de commission bancaire proposé par PayPal, 2,7%, est peut-être intéressant pour le marché nord-américain, mais pas du tout adapté à notre marché. Notez quand même qu'il n'y a pas de montant fixe à payer en plus par transaction, ce qui fait que pour des marchés de service ou à forte marge, et pour de petits montants (un café par exemple), ce taux pourrait se révéler relativement compétitif, d'autant qu'il n'y a pas de TPE (terminal de paiement électronique) à acheter ou à louer.
Mais dans la grande majorité des cas, Paypal Here n'est pas intéressant sur notre marché pour l'instant, étant finalement très coûteux.
Il a quand même quelques atouts dans sa manche : simplicité d'utilisation et d'installation, petit lecteur de carte magnétique (mais pas de carte à puce pour l'instant, ça vient...) offert à fixer sur un mobile (iPhone, tablette...), logiciel de caisse très sommaire offert, intégration facilitée pour le cross-canal et l'omnicanal (vente en magasin + e-commerce).
Leur application de caisse vient aussi d'être adaptée à l'iPad (elle était déjà disponible pour les petits mobiles IOS et Android), afin de profiter du grand écran de ce dernier, il y a donc de nouvelles fonctionnalités uniquement disponibles sur l'iPad, ainsi qu'un plus grand nombre d'articles présents simultanément à l'écran.
Autres améliorations : un tiroir-caisse sans-fil (WiFi) peut maintenant être piloté par le logiciel de caisse, ainsi qu'une imprimante-ticket elle aussi sans-fil. La caméra du mobile est aussi mieux exploitée, notamment pour la lecture code-barre, plus rapide et efficace.
Paypal Here peut aussi maintenant gérer plusieurs utilisateurs sur le même iPad. Ainsi, Paypal Here sur iPad est plus adapté à une utilisation de type "caisse enregistreuse", où chaque utilisateur peut être identifié, alors que la version pour les petits mobiles est plus conçue dans un esprit "1 mobile = 1 vendeur".
N'oubliez pas que tous ces mobiles peuvent aussi être utilisés simultanément avec le même compte commerçant. Nous aurons ainsi une caisse centrale (iPad) que tous les utilisateurs pourront utiliser (ou par exemple uniquement le caissier), ainsi que des mobiles, chacun utilisé par un vendeur.
Deux points très importants :
- PayPal Here n'est pour l'instant pas du tout adapté au marché français, que ce soit à cause de son coût (nous venons de le voir), à cause de sa faible compatibilité avec les cartes bancaires à puce européennes (techniquement, vous pouvez quand même utiliser en France la piste magnétique des cartes à puce Visa et Mastercard, mais pas les simples cartes bleues, et avec une sécurité minimale. Un lecteur de carte à puce va arriver, nous allons bientôt en parler), mais surtout à cause de sa non-compatibilité avec les normes comptables et fiscales françaises. Attention donc à ne pas l'utiliser en France tant que ce système n'aura pas été commercialisé officiellement dans l'hexagone et tant qu'il n'aura pas été adapté aux normes demandées par l'Administration (ce n'est pas un détail, vous risquez un rejet de comptabilité par le fisc si votre caisse n'est pas aux normes !).
- PayPal Here peut être utilisé de manière autonome, comme nous venons de le voir, avec quelques fonctionnalités de caisse sommaires. PayPal a clairement indiqué que c'était une solution destinée aux tout petits commerces qui cherchent juste une solution de caisse très simple. Dans tous les autres cas, PayPal travaille avec de nombreux partenaires et logiciels de caisse (ShopKeep, NCR, Leapset, Vend, Kounta, Erply...), PayPal Here pouvant s'intégrer à n'importe quel logiciel de caisse, à partir du moment bien sûr que l'éditeur du logiciel choisisse d'intégrer PayPal Here.
Dans l'article suivant sur PayPal Here, nous parlons en détail de ses fonctionnalités de caisse. Je vous conseille de le lire attentivement, car toutes les fonctionnalités de vente du logiciel de caisse de PayPal y sont présentées.